Oumuamua ne serait toujours pas un vaisseau extraterrestre

Oumuamua a fait couler beaucoup d’encre durant les semaines suivant sa découverte. Cette attention soudaine ne s’expliquait pas uniquement par la provenance du corps – il s’agissait en effet du premier objet extrasolaire repéré par nos instruments. Non, si l’objet a fait autant parler de lui, c’était aussi en raison de son étrange forme.

Contrairement à tous les astéroïdes et comètes connues, Oumuamua se présentait en effet sous la forme d’un long cigare.

Oumuamua

Lorsque ces informations ont été rendues publiques, beaucoup ont pensé que le corps pouvait potentiellement avoir une origine non naturelle.

Oumuamua, entre fantasme et réalité

Certains astronomes ont alors cherché d’éventuels signaux pouvant corroborer cette thèse. Peine perdue, aucun signal artificiel n’a été détecté et Oumuamua a alors été relégué au simple rang d’astéroïde extrasolaire… avant de basculer du côté des comètes.

Gerry Harp, un scientifique travaillant pour le SETI, se passionne depuis longtemps pour le corps et il a eu l’occasion de procéder avec ses collègues à de nouvelles observations en s’appuyant cette fois sur le télescope Allen.

L’Allen Telescope Array, ou ATA pour les intimes, se présente sous la forme d’un vaste champ d’antennes formant un radiotélescope interféromètre. Élaboré à la fois par le SETI et le Laboratoire de radioastronomie de l’Université de Berkeley, il a également reçu le soutien de Paul Allen.

Le cofondateur de Microsoft a ainsi investi des sommes folles dans le projet et c’est précisément pour cette raison que le radiotélescope porte son nom.

L’ATA est d’ailleurs un véritable outil de pointe et il se compose ainsi de plusieurs centaines d’antennes. Toutefois, en 2011, le SETI a mis le projet en pause en raison de restrictions budgétaires. Fort heureusement, la suspension de l’installation n’a pas duré et le radiotélescope a été réactivé quelques mois plus tard.

Des écoutes qui n’ont rien donné

Les chercheurs du SETI ont donc utilisé l’instrument pour observer Oumuamua alors que ce dernier se trouvait à environ 170 millions de kilomètres de notre propre planète.

Les écoutes ont eu lieu entre le 23 novembre et le 5 décembre de l’année de la découverte du corps, sur des fréquences comprises entre 1 et 10 GHz avec une résolution de fréquence de l’ordre de 100 kHz. Harp et son équipe n’ont malheureusement rien trouvé.

Bien sûr, selon le chercheur, l’absence de résultats ne prouve pas que Oumuamua n’a pas une origine non naturelle. En outre, ces observations ne sont pas pour autant inutiles. En réalité, elles nous aideront à mieux catégoriser les objets interstellaires dans le futur.

Gerry Harp a écrit un article revenant sur tout le projet. Il sera publié l’année prochaine dans le numéro de février de la revue Acta Astronautica. Ce n’est pas la première fois qu’une telle étude est conduite.

J. Emilio Enriquez et Andrew Siemion ont signé un article similaire en janvier de cette année, en se basant cette fois sur les écoutes effectuées dans le cadre du projet Breakthrough Listen. Le papier est disponible à la consultation chez Arxiv.

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