Pornhub visé par une enquête au Canada

L’affaire Pornhub semble vouloir prendre un nouveau tournant. Lundi 10 mai, le commissaire canadien à la protection de la vie privée a en effet annoncé l’ouverture d’une nouvelle enquête. Une enquête portant sur les vidéos diffusées sur le service sans le consentement des personnes filmées.

Pour comprendre les enjeux de cette décision, il faut remonter de quelques mois en arrière, plus précisément à la fin de l’année 2020.

Image par Klaus Hausmann de Pixabay
Image par Klaus Hausmann de Pixabay 

C’est en effet à cette période que le New York Times a publié le fruit d’une enquête de plusieurs mois. Une enquête portant sur Pornhub et plus précisément sur le contenu de son catalogue.

Rien ne va plus pour Pornhub

En fouillant sur la plateforme pour adultes, nos confrères ont en effet découvert de nombreuses vidéos illégales. Certaines dépeignaient des actes sexuels entre personnes mineures, d’autres étaient assimilables à du revenge porn et avaient donc été publiées sans l’accord des protagonistes.

L’affaire a bien entendu eu de sévères répercussions sur le site, mais également sur son propriétaire, l’entreprise Mindgeek. Face à la situation, cette dernière a d’ailleurs été contrainte de prendre des mesures drastiques et de supprimer en une nuit tout le contenu partagé par les utilisateurs non enregistrés.

Pornhub a alors perdu plus de 80 % de son catalogue, ce qui s’est aussi traduit par une chute de son trafic.

Des accusations graves et des mesures jugées insuffisantes

Des mesures qui n’ont cependant pas eu l’effet escompté. Suite à la publication de l’article du Times, plusieurs victimes du studio de production Girls Do Porn ont en effet porté plainte contre l’entreprise, en l’accusant d’avoir directement tiré profit des vidéos mises en ligne par ce dernier, des vidéos qui avaient été diffusées sans leur consentement.

Girls Do Porn versait en effet dans les contenus adultes amateurs. L’entreprise ne travaillait donc pas avec des actrices du milieu, mais avec des anonymes. En échange d’une somme conséquente, ces dernières devaient donc avoir des rapports sexuels avec l’acteur du studio. Pour les persuader d’accepter, le personnel de l’entreprise leur avait expliqué que les vidéos se destinaient à des collectionneurs privés établis en Nouvelle Zélande et qu’elles ne risquaient donc pas de leur nuire.

La vérité, cependant, était bien différente. Les vidéos en question finissaient en effet sur le site du studio, mais également sur la chaîne créée par ce dernier sur Pornhub. Certaines ont ainsi totalisé des millions de vues, ce qui a eu pour effet de détruire la vie de toutes ces femmes.

Mindgeek visé par une enquête

L’affaire a été très médiatisée et on savait que les pouvoirs publics canadiens s’y intéressaient de très près. Nous venons d’en avoir la confirmation.

Le lundi 10 mai, Daniel Therrien a en effet révélé à des parlementaires du Comité permanent de la protection des renseignements personnels et de l’éthique qu’il prenait l’affaire Pornhub très au sérieux. A un point tel qu’il a demandé l’ouverture d’une enquête, une enquête portant exclusivement sur les vidéos diffusées dans le consentement des personnes filmées.

L’AFP, de son côté, a tenté de contacter les bureaux du commissaire, sans succès. Ce dernier n’a pas souhaité donner plus d’informations et il s’est contenté de confirmer l’existence de cette enquête.

Une enquête qui débouchera sur la présentation d’un rapport portant sur les agissements de Pornhub, mais également de Mindgeek. Il faut en effet rappeler que l’entreprise est basée à Montréal et elle devra donc rendre des comptes auprès des autorités canadiennes.

Des comptes à rendre

Toujours selon les informations rendues publiques, le comité aurait également réussi à s’entretenir avec plusieurs victimes présumées de Pornhub, et plus précisément avec des femmes qui lui ont certifié qu’elles avaient tout mis en oeuvre pour faire retirer leurs vidéos non consensuelles de la plateforme… sans résultat.

Rappelons également qu’en mars 2021, 104 victimes et 525 ONG originaires de pas moins de 65 pays ont écrit une lettre ouverte adressée aux parlementaires canadiens, une lettre dans laquelle elles leur demandaient d’ouvrir une enquête pénale contre Mindgeek.

Mindgeek qui pourrait changer prochainement de propriétaire si l’on en croit les dernières rumeurs du moment.

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