Quand une recette médiévale vieille de 1000 ans vient à bout d’un film antibiorésistant

Depuis la découverte et la généralisation de l’usage des antibiotiques, les bactéries les plus dangereuses se sont également adaptées pour survivre. Et actuellement, un grand nombre de molécules antibiotiques sont devenues inefficaces contre ces microorganismes. C’est la fameuse antibiorésistance dont on entend de plus en plus souvent parler.

Justement, Jessica Furner-Pardoe, de l’Université de Warwick (Angleterre), et son équipe se sont heurté à ce problème dans le cadre leurs recherches. En effet, un biofilm montrait de la résistance à toutes sortes d’antibiotiques contemporains. Ce qui les a obligés à se tourner vers la médecine antique, pour essayer de trouver une alternative.

Des staphylocoques dorés vus au microscope électronique
Crédits Pixabay

Et c’est dans l’un des premiers manuscrits médicaux de l’Angleterre médiévale, le Bald’s Leechbook, que cette équipe de scientifiques a trouvé la solution. Les travaux de Jessica Furner-Pardoe et ses collègues ont été publiés dans la revue Scientific Reports.

Un grimoire médiéval rempli de recettes insolites

Le Bald’s Leechbook est un recueil médiéval – datant de la fin du 9e ou du début du 10e siècle – de diverses spécialités médicinales et de potions aux attributs abracadabrants, à l’exemple d’une pommade censée éloigner les gobelins durant la nuit. Dans tout cela, une recette trouvée dans cet ouvrage s’est avérée être incroyablement efficace.

Baptisé l’onguent de Bald, et surnommé l’ancienbiotique par les chercheurs, ce mélange incluant de l’ail, une bile de vache, du vin et de l’oignon et du poireau a excellé là où nos antibiotiques, même les plus récents, ont échoué. Tout simplement incroyable.

En effet, ce baume peut aisément venir à bout des biofilms résistants aux antibiotiques actuels.

L’onguent de Bald a fait preuve d’une efficacité incroyable

Durant cette étude, les chercheurs ont mis 75 onguents de Bald au point, afin de vérifier les effets de ce mélange. D’après les résultats obtenus, Furner-Pardoe et ses compères ont pu démontrer que l’onguent de Bald était capable d’éradiquer les bactéries les plus dangereuses et les plus coriaces, dont le Staphylococcus aureus, communément appelé staphylocoque doré.

Si les Staphylococcus aureus sont aussi durs à exterminer avec les antibiotiques modernes, c’est dû au fait qu’ils sont capables de créer des biofilms. Pour autant, l’onguent de Bald en est venu à bout.

Pour la précision, il faut savoir que pour détruire ces biofilms, une concentration d’antibiotiques 100 à 1 000 fois supérieure à celle nécessaire avec les formes flottantes de la bactérie est requise.

Une recette médiévale peu exploitée par la science moderne

La seule faiblesse de l’onguent de Bald réside dans le fait que lorsque ses ingrédients sont purifiés ou utilisés séparément, ces derniers ne présentent plus de danger pour les bactéries comme les staphylocoques dorés.

Selon les chercheurs, c’est probablement la raison pour laquelle cette recette n’a jusqu’à présent pas été exploitée par la communauté scientifique. En effet, de nos jours, le développement de médicaments nécessite l’isolation de leurs composés uniques.

À la lumière de cet exploit scientifique, il est peut-être temps de procéder autrement, juste en mélangeant des ingrédients naturels dont l’efficacité est prouvée. Tout simplement.

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