
Que se passerait-il si la Terre était une Super Terre ?
Kepler, le télescope spatial de la NASA, nous a permis de découvrir un grand nombre de planètes un peu spéciales connues sous le nom de super-Terre. Ces planètes lointaines portent bien leur nom, car elles ressemblent beaucoup à notre Terre, mais tout en étant beaucoup plus grandes (entre 2 à 10 fois plus grosses que notre planète).
Les super-terres sont en effet situées près de leur étoile, sont moins grandes que les géantes gazeuses, possèdent une atmosphère relativement mince et sont rocheuses. Des caractéristiques qui rappellent celles de notre propre planète.

À les observer, une question nous vient tout de suite à l’esprit : comment serait la Terre si elle avait 2 à 10 fois sa taille actuelle ?
Les conséquences d’une Terre plus grande
Difficile de savoir ce qui arriverait à la Terre si elle avait la taille des super-terres. Mais sur la base de ce qu’ils ont appris sur ces jumelles lointaines de notre planète, les scientifiques ont une idée de ce qui se passerait. Rory Barnes, un théoricien qui étudie l’habitabilité des planètes à l’Université de Washington, nous aide à mieux comprendre.
Alors, si la Terre était de la taille d’une super-Terre, nous serions tout d’abord plus petits : les hommes, les animaux, les arbres, les montagnes, etc. En effet, si l’on augmentait la taille de la Terre et qu’on gardait tout le reste identique, la gravité augmenterait également. Sur une Terre deux fois plus grande, nous serions deux fois plus lourds, car la gravité aurait deux fois plus de force sur nous. Tout ce qui se trouve sur la planète aurait besoin de plus d’énergie pour résister à l’attraction gravitationnelle. Les bâtiments par exemple ne seraient pas suffisamment solides pour être aussi hauts qu’ils le sont actuellement.
Une planète plus grande et un champ gravitationnel plus fort signifieraient également plus de collisions, selon Barnes. En tant que super-planète, l’importante attraction gravitationnelle de la Terre attirerait effectivement de plus en plus d’astéroïdes, et les risques de collisions seraient plus importants et plus préoccupants, explique Barnes.
Imaginons maintenant que la Terre ait été encore plus grande, par exemple 10 fois sa taille actuelle. Dans ce cas l’intérieur de la Terre pourrait subir des changements spectaculaires. Tout d’abord, le noyau de fer et le manteau liquide auraient également 10 fois leurs tailles actuelles. Or s’il y a plus de gravité qui agit sur une masse plus grande, cela augmenterait la pression sous la surface de la Terre, entraînant la solidification du noyau de fer.
Actuellement, ce sont les courants de convection dans notre noyau partiellement liquide qui sont à l’origine du champ magnétique terrestre. Mais si le noyau se solidifiait, alors les courants cesseraient et le champ magnétique pourrait s’affaiblir ou disparaître. Et l’affaiblissement ou l’absence de champ magnétique pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour la vie sur Terre.
En effet, le champ magnétique protège la vie sur terre des dangers de l’espace, tels que les particules chargées errantes dans l’espace (aussi appelées tempêtes solaires). Sans champ magnétique, ces minuscules particules peuvent frapper la Terre et causer toutes sortes de problèmes (augmentation du risque de cancer, rupture de l’ADN…).
Les super-terres pas si propices à la vie
Selon Barnes, une Terre plus grande serait aussi plus active volcaniquement. En effet, plus le rayon de la planète est grand, plus il y a d’énergie à l’intérieur et moins d’endroits où cette énergie peut s’échapper. La conséquence d’un tel scénario est une augmentation du nombre d’éruptions volcaniques. La tectonique des plaques pourrait également être différente sur une super-Terre, sans qu’on ne sache véritablement ce qui en résulterait. Il est possible qu’un manteau plus grand soit également plus chaud, entraînant potentiellement des courants de convection plus vigoureux qui exerceraient une force plus importante sur les plaques. Ou alors, la forte pression pourrait amener la croûte à fusionner totalement et à supprimer toute tectonique des plaques.
En somme, sur la base des connaissances actuelles des scientifiques, il n’est pas sûr que la Terre ait été habitable si elle était une super-Terre. De plus, la plupart des super-Terres connues se trouvent à une distance de leur étoile similaire à la distance entre Mercure et notre soleil. Si l’on mettait la terre dans la même position, elle aurait une orbite d’environ 100 jours, a déclaré Hilke Schlichting, professeur agrégée d’astrophysique à l’Université de Californie à Los Angeles. Sauf que pour qu’une telle orbite soit habitable, il faudrait un système avec une étoile plus petite que le soleil.
A ce stade, les scientifiques ne savent pas grand-chose des super-Terres, et il nous reste encore beaucoup à apprendre de notre propre planète. Mais au vu de ces premières analyses, il semble évident que le fait que la Terre ne soit pas une super-planète est une grande chance !