Quelque chose est en train de tuer des arbres sur la côte Atlantique des Etats-Unis

Emily Ury, doctorante à Duke University, a mené des recherches dans une zone située près des Outer Banks en Caroline du Nord. Elle a remarqué que dans cette zone côtière, l’eau de mer a commencé à atteindre des sites boisés et la plupart des arbres sont morts. Cette situation peut aussi être observée tout le long de la côte Atlantique de la Caroline du Nord, et Ury, qui travaille dans l’étude de la réponse des zones humides face à la montée du niveau de la mer, explique qu’il s’agit d’une preuve des effets du changement climatique sur le paysage côtier.

Selon Ury, comme tout organisme vivant, les arbres finissent par mourir. Toutefois, ce qu’il se passe sur la côte Atlantique n’est pas normal puisque de nombreux arbres meurent en même temps, et aucun nouveau plant ne vient les remplacer.

Crédits Pixabay

Les forêts touchées par ce phénomène sont actuellement qualifiées par les scientifiques de « forêts fantômes ». C’est en 2016 que la scientifique a commencé son étude dans la région. Tous les deux mois environ, elle versait alors près de 45 kg de sel sur un site ayant la taille d’un terrain de tennis pour simuler les effets de la montée du niveau de la mer. Après deux ans, elle a observé que le sel ne semblait pas avoir d’effet sur les plantes ou les processus naturels du sol. Elle a ainsi décidé d’aller plutôt étudier directement les zones où des arbres sont déjà morts.

Ury explique que la zone côtière de l’Etat a souffert d’une perte de forêts rapide et élargie, ce qui a eu de graves impacts sur la vie sauvage, notamment sur les populations de loups rouges ou encore de pics à face blanche. Les forêts des zones humides ont aussi pour rôle de séquestrer et de stocker une grande quantité de carbone, ce qui fait que leur destruction contribue au changement climatique.

Les résultats de l’étude par satellite

La scientifique a étudié des images satellites pour mieux comprendre la vitesse de changement des forêts des zones humides. Elle a utilisé des images provenant des satellites Landsat de la NASA et de l’US Geological Survey qui ont capturé des images continues de la surface de la Terre depuis 1972.

Ury a quantifié les changements de la végétation côtière depuis 1984 en se basant sur les images de Landsat et s’est servi des images à haute résolution de Google Earth  pour repérer les forêts fantômes. Des analyses sur ordinateur ont aussi permis d’identifier des zones similaires contenant des arbres morts sur toute la surface étudiée.

Comme résultats, il a été observé que plus de 10% des zones humides possédant des forêts dans l’Alligator River National Wildlife Refuge avaient été perdues au cours des 35 dernières années. Il s’agit d’un site protégé où il n’y a aucune autre activité humaine pouvant causer la mort des arbres. La scientifique a ainsi conclu que la montée rapide du niveau de la mer a dépassé la capacité des forêts à s’adapter à des conditions plus humides et plus salées. C’est en 2012 qu’il y a eu la plus grande perte annuelle de forêt après une période de sécheresse extrême et de feux de forêt, ainsi que le passage de l’ouragan Irene en août 2011. Ces trois événements ont provoqué la mort en masse d’un grand nombre d’arbres dans la région.

Quelles stratégies adopter ?

Face à une telle situation, peut-on penser à des solutions ? Dans le secteur de la conservation, beaucoup repensent à des approches basées sur la gestion des terres ou encore à des stratégies adaptatives comme la facilitation de la transition inévitable des forêts vers des marais salés.

En Caroline du Nord, Nature Conservancy effectue par exemple des actions basées sur des approches de gestion adaptative. L’organisme crée entre autres des « rives vivantes » composées de plantes, de rochers et de sable qui vont atténuer les effets des tempêtes de façon naturelle.

Une autre possibilité serait aussi d’introduire carrément des plantes de marais pouvant tolérer le sel dans les zones menacées. Il s’agit toutefois d’une mesure assez controversée puisqu’elle va à l’encontre du principe qui consiste à protéger les écosystèmes existants. Mais d’un autre côté, il est préférable d’avoir de nouvelles plantes que pas de plantes du tout.

En tout cas, la lutte continue pour essayer de préserver cette partie des Etats-Unis qui, comme de nombreuses régions côtières du monde, fait actuellement face à la montée du niveau de la mer causée par le changement climatique.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.