Les scientifiques le savent, il est très difficile d’étudier les abeilles. Ces insectes altèrent en effet leur comportement naturel lorsqu’ils sentent une influence extérieure. Mais à part cela, le froid est également une chose à laquelle les abeilles sont très sensibles. Selon les explications, si la température de la ruche tombe en-dessous des 10° C, les abeilles arrêtent de bourdonner et de produire de la chaleur. Elles finissent alors par tomber dans un coma qui peut être fatal.
Comme solution à ces deux problèmes, une équipe de roboticiens et de biologistes de l’EPFL ou Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, en Suisse, et de l’Université de Graz en Autriche, a développé un appareil assez particulier. Il s’agit d’une ruche robotisée qui permet de réchauffer les abeilles lorsqu’il fait froid, mais qui donne aussi aux scientifiques la possibilité de les étudier.
Le fonctionnement du système
Les chercheurs derrière la ruche robotisée l’ont conçue de telle sorte qu’elle puisse être introduite sans encombre dans une ruche existante. L’appareil est équipé d’un processeur central qui coordonne les capteurs, envoie des commandes aux actuateurs, et qui transmet des données à distance.
Au cours des tests, la ruche robotisée a utilisé ses capteurs thermiques et ses actuateurs et a été capable de mesurer et diriger le comportement des abeilles en allumant des zones localisées de chaleur.
Selon les explications de Rafael Barmak, doctorant à l’EPFL, beaucoup de règles de la société des abeilles sont régulées par la température, qu’il s’agisse d’interactions collectives ou individuelles. L’équipe a ainsi exploité cette propriété au cours de l’étude.
D’après les chercheurs, ils ont testé le système sur 4 000 abeilles qu’ils ont encouragées à venir vivre dans la ruche robotisée. Ils ont réussi à garder en vie la colonie au cours de la période de grand froid de 2020-2021 alors que des ruches des alentours ont vu leurs occupants succomber.
Les avantages de la nouvelle méthode
Martin Stefanec, de l’Université de Graz, a déclaré que des études antérieures sur le comportement thermique des abeilles pendant l’hiver se sont appuyées sur l’observation des insectes et la manipulation de la température extérieure. En ce qui concerne leur étude, le système robotisé leur permet de changer la température de l’intérieur en imitant le comportement de chauffage des abeilles du noyau. Cela leur permet d’étudier comment le groupe régule activement sa température.
De son côté, Francesco Mondada, qui est à la tête du Mobile Robotic Systems Group, a indiqué qu’en collectant des données sur la position des abeilles et en créant des zones plus chaudes dans la ruche, ils ont été capables d’encourager les insectes à se déplacer d’une manière qu’ils n’auraient jamais fait dans la nature en plein hiver.
Il a ajouté que cela leur a donné la possibilité « d’agir au nom d’une colonie ». Par exemple, ils ont pu diriger les abeilles vers une source de nourriture, ou les dissuader de se diviser en groupes trop petits, ce qui peut menacer leur survie. Cette méthode de robotisation des ruches pourrait ainsi diminuer le taux d’effondrement des colonies d’abeilles à cause du froid. Elle offre également un moyen aux scientifiques travaillant dans la conservation d’en savoir plus sur le comportement de ces insectes.
SOURCE: New Atlas