L’ulcère de Buruli est une infection chronique qui ronge la peau et les tissus sous-cutanés. Il est causé par une bactérie appelée Mycobacterium ulcerans, dont la toxine attaque principalement les cellules adipeuses qui se trouvent sous la peau. Cela entraîne un gonflement localisé ou la formation d’une grosseur qui va évoluer en ulcère. Si la maladie n’est pas diagnostiquée et traitée efficacement, elle peut provoquer une destruction importante des tissus, une défiguration permanente ou encore une invalidité à long terme.
En général, l’ulcère de Buruli se rencontre dans les pays tropicaux et subtropicaux. Cependant, des cas inattendus ont été récemment enregistrés dans les régions tempérées de l’Etat de Victoria, dans le Sud-est de l’Australie, notamment à Melbourne et Geelong. La situation a incité des chercheurs du Peter Doherty Institute for Infection and Immunity de l’Université de Melbourne à mener une étude pour découvrir l’origine de la propagation de la maladie.
L’étude, qui a duré cinq ans, a révélé que M. ulcerans est transmise par les moustiques. Cette découverte va contribuer à la mise en place de plans d’action pour prévenir la propagation de l’ulcère de Buruli, notamment en luttant contre les piqûres de moustiques.
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Le rôle du moustique
L’ulcère de Buruli a été découvert pour la première fois en Australie dans les années 1930 et dans toute l’Afrique peu de temps après. La bactérie M. ulcerans présente une croissance très lente et est particulièrement difficile à isoler en culture. Sa période d’incubation, qui dure en moyenne quatre à cinq mois, provoque des épidémies dans des régions spécifiques avant de disparaitre pendant plusieurs années. Cette particularité a rendu difficile l’identification de son mode de transmission depuis plus de 80 ans.
La Péninsule de Mornington, qui est une région balnéaire située à 90 km au Sud de Melbourne, figure parmi les zones à fortes incidences de l’ulcère de Buruli dans le monde. Les scientifiques y ont effectué des recherches, et entre 2016 et 2021, ils y ont piégé et étudié plus de 65 000 moustiques en utilisant la génomique médico-légale.
Selon Peter Mee, auteur principal de l’étude, grâce au séquençage du génome, ils ont découvert que la constitution génétique de M. ulcerans était identique aussi bien chez les moustiques que chez les patients atteints d’ulcère de Buruli dans la zone étudiée.
« Il s’agit d’un élément clé d’un ensemble de preuves convaincantes indiquant que les moustiques représentent le lien de transmission », a-t-il expliqué.
Qu’en est-il des cas en Afrique ?
Paul Johnson, co-auteur de l’étude, a déclaré que depuis longtemps, ils avaient des soupçons sur la possibilité de transmission par les moustiques. Cependant, l’équipe a été confrontée à beaucoup de scepticisme et a décidé de rassembler des preuves irréfutables pour appuyer sa théorie.
Les chercheurs se montrent toutefois prudents en ce qui concerne le cas des pays africains où la maladie est endémique. En effet, les preuves démontrant que les moustiques sont des vecteurs manquent encore. Par conséquent, des recherches plus approfondies doivent être menées dans ces pays pour obtenir plus d’informations sur le mécanisme de propagation de l’ulcère de Buruli.
Quoi qu’il en soit, l’étude a permis d’identifier les dispositions nécessaires pour réduire la possibilité de futures épidémies d’ulcère de Buruli en Australie.
L’étude a été publiée dans la revue Nature Microbiology.
SOURCE: New Atlas