Tinder, nid d’espions ?

Le Brésil a fait face à d’importantes manifestations en 2013. Écoeurées par leurs conditions de vie, des milliers de personnes sont ainsi descendues dans les rues afin d’exprimer leur mécontentement. La police et l’armée ont contenu les manifestants avec force et autorité, ce qui a eu pour effet d’envenimer considérablement la situation.

Le mouvement s’est en effet durci et ce qui n’était qu’une simple série de manifestations a commencé à avoir comme un parfum de révolte. Le Brésil a continué à s’enflammer et plus d’un million de personnes ont fini par descendre dans la rue.

Tinder Espion
Méfiez-vous de votre prochain coup de foudre Tinder, il ou elle pourrait être un espion.

Willian Pina Botelho travaillait pour l’armée brésilienne à l’époque, et plus précisément pour la Military Police Intelligence Division. Le service de renseignements, donc.

Botelho a utilisé les réseaux sociaux pour créer sa fausse identité

Il avait pour mission de s’infiltrer chez les militants afin d’obtenir des informations sur leurs actions.

Notre espion a donc créé une fausse identité, Baltazar Nunes, et il a ouvert plusieurs profils sur les réseaux sociaux dans la foulée afin de lui donner un peu plus de contenance. Après avoir ouvert un faux compte sur Facebook, il a ainsi créé plusieurs profils sur Instagram, Twitter, mais aussi Tinder.

Histoire d’enfoncer le clou, il a très vite commencé à publier des citations de Karl Marx et des photos le montrant en train de manifester ou même de jouer de la guitare.

Une fois son identité suffisamment développée, il a cherché des femmes de gauche sur Tinder et il a commencé à flirter avec certaines d’entre elles. La stratégie de l’espion s’est révélée efficace, car une de ces femmes a fini par mordre à l’hameçon et elle l’a alors invité à poursuivre la discussion sur WhatsApp, en compagnie d’autres révolutionnaires.

Après avoir échangé à plusieurs reprises, ces fameux révoltés l’ont invité à les rejoindre à une réunion “dans la vraie vie” afin de planifier leurs prochaines actions. Botelho s’est rendu sur place et il n’a pas été le seul à le faire. La police est en effet intervenue afin d’arrêter le groupe, une vingtaine de personnes.

Les réseaux sociaux, une arme de choix pour les autorités

L’histoire ne s’arrête pas là. Ces derniers ont en effet été interrogés par une unité spéciale et ils ont été détenus pendant plusieurs heures sans avoir la possibilité de contacter leur avocat. Enfin, pas tous, car notre espion, lui, s’en est sorti sans être inquiété. A l’époque, il avait d’ailleurs expliqué la chose en disant qu’il avait versé un pot-de-vin à un des agents.

Ces explications n’ont cependant pas convaincu Ponte.org. Intrigué par la soudaine libération de l’homme, le site a mené sa propre enquête et il s’est rapidement rendu compte que les profils sociaux de l’homme avaient tous été créés plus ou moins à la même période.

En fouinant un peu, le site a fini par faire le rapprochement entre Baltazar Nunes et Willian Pina Botelho. Il a sorti un article très accusateur, mais le gouvernement a démenti l’information. Pendant un temps du moins puisque l’armée a fini par confirmer que l’homme était bien un agent du gouvernement infiltré.

Alors bien sûr, ce n’est pas la première fois qu’un militaire s’infiltre dans un groupe de manifestants pour anticiper ses actions, mais cette histoire prouve une fois de plus que tout ce qui circule sur les réseaux sociaux doit être pris avec la plus extrême prudence.

Si les autorités peuvent s’appuyer sur ces plateformes pour obtenir toutes les informations de leur choix sur une personne, elles peuvent aussi les utiliser pour infiltrer des groupes.

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