Un deuxième cerveau dans vos intestins ?

L’intérieur de la paroi du tube digestif est couvert d’un réseau neuronal. Cette population de neurones entériques génère des contractions au niveau des cellules des muscles lisses, permettant l’expulsion du contenu du côlon. Jusqu’ici, les scientifiques ne comprenaient pas comment ce mécanisme est-il déclenché. Dernièrement, des chercheurs de l’université Flinders, en Australie, se sont penchés sur la question.

L’équipe australienne a réalisé des expériences sur des souris. Ils ont recouru à une technique d’imagerie neuronale à haute résolution et enregistré, à travers des électrodes, les impulsions électriques générées par les tissus musculaires lisses. Ils ont découvert que les millions de neurones étaient activés par un motif rythmique, indépendamment du cortex cérébral.

Cerveau

Les chercheurs ont constaté la présence d’un cerveau intestinal responsable des contractions musculaires de l’intestin. Ils lui ont attribué le nom de « système nerveux entérique ». Ce dernier se situe dans le gros intestin, plus précisément entre l’intestin grêle et le rectum.

Un cerveau à lui tout seul

« C’est vraiment un cerveau à lui seul », souligne Nick Spencer, co-auteur de l’étude dont les résultats ont été publiés le 28 mai dans The Journal of Neurosciences. Ce système périphérique contrôle les mouvements du système digestif, notamment le péristaltisme du côlon. Il s’agit du mécanisme d’évacuation des résidus issus de la digestion.

« La caractéristique unique du système digestif est qu’il s’agit des seuls organes internes dotés de leur propre système nerveux complet, qui peut agir de manière entièrement indépendante du cerveau et/ou de la moelle épinière », a précisé Nick Spencer.

L’équipe est certaine que le même système existe chez l’homme. Elle prévoit d’ailleurs de réaliser les prochaines études sur le corps humain.

Des perspectives thérapeutiques inédites

Nick Spencer est persuadé que cette découverte pourrait offrir des perspectives thérapeutiques inédites. « Cela représente un schéma majeur d’activité neuronale au niveau du système nerveux périphérique qui n’avait pas été identifié auparavant », s’est-il enthousiasmé.

Les scientifiques pourraient ainsi mieux comprendre les maladies comme la constipation chronique qui « affecte une grande partie de la population mondiale, et survient souvent à cause d’un transit incorrect ».

« Trop souvent en médecine, il y a une demande de soigner une pathologie sans comprendre comment l’organe en question fonctionne vraiment », a souligné le scientifique avant d’ajouter que « jusqu’à cette étude, personne n’avait une idée exacte de la façon dont de grandes populations de neurones dans le système nerveux entérique amenaient à la contraction de l’intestin ».

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