Le mardi 26 octobre dernier, la Cleveland Clinic a annoncé le lancement du premier essai sur l’homme d’un vaccin pour prévenir le cancer du sein triple négatif. Ce dernier est connu pour être la forme la plus agressive et la plus mortelle du cancer du sein. En effet, aucun traitement hormonal ou médicamenteux ciblé n’a encore marché sur ce type de cancer. La mastectomie est jusqu’à présent l’unique solution pour l’éviter.
Avant cette annonce, les recherches sur le développement de vaccins contre le cancer du sein triple négatif étaient limitées aux travaux de laboratoire et aux tests sur des animaux. Récemment, la Food and Drug Administration américaine a approuvé la demande d’autorisation d’essai clinique. Le premier essai sur l’homme peut donc commencer.

Le Dr G. Thomas Budd, chercheur principal de l’étude et travaillant au sein du Taussig Cancer Institute de la Cleveland Clinic, a déclaré qu’ils espéraient que le vaccin pourra, sur le long terme, servir de prévention pour les femmes en bonne santé. Ainsi, il pourra empêcher le développement du cancer du sein triple négatif chez elles.
Le mode d’action du vaccin
Selon les auteurs de l’étude, l’essai inclura uniquement des survivantes du cancer du sein triple négatif détecté à un stade précoce et qui présentent un risque élevé de récidive. Plus tard, ils espèrent pouvoir administrer le vaccin à des personnes en bonne santé mais dont le risque de contracter la maladie est élevé. On compte parmi ces personnes celles qui présentent des mutations au niveau du gène BRCA1.
Une personne atteinte du cancer du sein triple négatif présente une certaine protéine dénommée α-lactalbumine. Il s’agit cependant d’une protéine qui n’est censée apparaître que lors de l’allaitement. L’action du vaccin consistera donc à cibler cette protéine, incitant ainsi le système immunitaire à repousser les tumeurs mammaires émergentes qui l’expriment. Le vaccin contient aussi un médicament qui peut alerter le système immunitaire sur la présence de l’ α-lactalbumine. C’est ce qui lui permettra de stopper le développement de la tumeur émergente.
Le déroulement de l’essai clinique
Un total de 18 à 24 personnes participera à l’essai. Il s’agit de patientes qui n’ont plus de tumeur après leur traitement au cours des trois dernières années.
Les participantes vont recevoir trois injections, chacune à deux semaines d’intervalle. Au début, les chercheurs commenceront à administrer le vaccin à faible dose chez quelques patientes et suivront leur cas de près. Ils augmenteront ensuite la dose chez les autres participantes.
« Une fois que nous aurons déterminé la quantité de vaccin que nous pouvons administrer, nous examinerons ses effets sur le système immunitaire », a déclaré Budd. Il a expliqué que cela leur permettra de savoir si le vaccin fait ce qu’ils veulent qu’il fasse pour qu’ils puissent ensuite élargir chaque niveau de dose.
L’étude, qui est financée par l’US Department of Defense, devrait s’achever en septembre 2022. Selon les chercheurs, leur stratégie vaccinale aurait la potentialité d’être appliquée à d’autres types de tumeurs. Si ces vaccins s’avèrent être un succès, ils pourraient changer la manière dont on peut contrôler les cancers à l’âge adulte. Cela pourrait améliorer l’espérance de vie, de la même façon que ce qui a été fait avec le programme de vaccination des enfants.