
Une phéromone sexuelle pour stopper l’invasion du frelon géant « meurtrier »
Le plus grand frelon du monde suscite l’inquiétude à cause de son aspect menaçant et sa forte propagation en Amérique du Nord.
Qualifier ce frelon géant asiatique (Vespa mandarinia) de « frelon meurtrier » peut être une exagération de son danger. Toutefois, selon les chercheurs, cette espèce envahissante est destructrice et menace les populations d’abeilles Nord-américaines ainsi que des millions de dollars de produits agricoles. Ces frelons géants pourraient détruire rapidement des colonies entières d’abeilles, ne pouvant se défendre que par « boule de chaleur ».
Selon James Nieh, professeur de la division des sciences et chercheur sur les abeilles à l’Université de Californie San Diego, ces frelons ne sont pas vraiment meurtriers. Pour lui, ce sont des insectes sociaux étonnants, qui n’ont pas leur place en Amérique du Nord tout simplement.
Cependant, il n’y a pas encore une façon claire de les éliminer. Il est même encore difficile de les localiser avec précision. Jusqu’ici, ils ont été signalés au Canada et dans le nord-ouest du Pacifique.
Quelle solution pour stopper la propagation ?
L’identification de la phéromone sexuelle serait une étape clé afin de pouvoir piéger et suivre les frelons. Grâce à la chromatographie en phase gazeuse, la spectrométrie de masse et aux expériences menées pendant deux ans, Nieh et ses collègues chinois ont pu identifier les 3 composants majeurs de la phéromone sexuelle de la reine du frelon géant asiatique. Ces principaux composants chimiques seraient l’acide hexanoïque, l’acide octanoïque et l’acide décanoïque. Ce sont des composés pouvant être facilement achetés et immédiatement déployés sur le terrain.
Les chercheurs ont utilisé une approche similaire pour identifier la phéromone sexuelle femelle d’une espèce apparentée du frelon asiatique (Vespa velutina). Dans leur nouvelle étude, ils ont placé des pièges près des nids et des endroits où ils s’accouplent généralement, mais ils n’ont capturé que des frelons mâles. Pendant leur expérience, ils ont testé l’activité neuronale du frelon et ont constaté que les antennes des mâles sont très sensibles à la phéromone.
Même si des pièges expérimentaux ont été installés à proximité des colonies d’abeilles, Nieh envisage de se positionner sur plusieurs sites pour évaluer s’ils peuvent les attirer chimiquement sur des distances plus conséquentes. Il a déclaré que ces pièges pourraient être déployés facilement pour un échantillonnage sur une zone géographique plus large, car ils sont peu coûteux.
Vers une documentation scientifique de la propagation du frelon
Au lieu de breveter l’identification de la phéromone sexuelle, Nieh et ses collègues ont décidé de publier rapidement leurs résultats dans l’espoir de fournir une solution pour aider à documenter la propagation du frelon. Au fur et à mesure du déplacement des pièges, une carte et des modèles prédictifs pourraient être établis afin d’étudier leur comportement et la vitesse à laquelle ils se propagent. Les mélanges chimiques que contiennent ces pièges pourraient réduire le nombre de mâles disponibles pouvant s’accoupler avec les femelles.
Nieh espère que ses homologues, en particulier ceux des zones envahies, utiliseront le protocole qu’ils ont établi et testeront cette méthode.
SOURCE : SCITECHDAILY