À l’époque de la guerre froide, la course aux armements des deux grands (les États-Unis et la Russie) était limitée par le Traité INF (Intermediate-Range Nuclear Forces Treaty). Affichant leur volonté de moderniser leurs arsenaux nucléaires, les deux pays se sont retirés de cet accord qui prohibait certains types de missiles balistiques intercontinentaux.
Actuellement, leurs programmes sont régulés par un nouveau Traité appelé START. Celui-ci limite le nombre d’ogives nucléaires que chaque pays peut avoir.

Il n’y a pas longtemps, la Russie a présenté son nouvel arsenal constitué de missiles hypersoniques, de torpilles à propulsion nucléaire et de missiles de croisière à propulsion nucléaire. Plus récemment, le Pentagone a également publié un document détaillant sa stratégie de guerre nucléaire.
Pour certains observateurs, les scénarios qui y sont envisagés sont catastrophiques et vont bien au-delà d’une simple stratégie de dissuasion. De plus, le START expirera le 5 février 2021. Beaucoup craignent que les deux pays ne soient pas disposés à le prolonger.
Des scénarios de déploiement d’armes nucléaires
Le document, intitulé « Doctrine des Opérations Nucléaires du Département de la Défense des États-Unis », a été initialement publié sur le site du Comité des Chefs d’état-major interarmées. Il a ensuite été retiré du site Web, mais la Federation of American Scientist (FAS) a réussi à l’enregistrer à temps.
« Le spectre de la guerre nucléaire peut aller de l’application tactique à l’utilisation régionale limitée, en passant par l’emploi mondial par les forces amies et/ou des ennemis », indique le document. « L’emploi d’armes nucléaires peut radicalement modifier ou accélérer le déroulement d’une campagne. »
Il y est précisé qu’ « une arme nucléaire pourrait être introduite dans la campagne à la suite d’un échec perçu dans une campagne conventionnelle, d’une éventuelle perte de contrôle ou du régime, ou de l’escalade du conflit pour engager des poursuites en faveur de la paix à des conditions plus favorables. »
Le prolongement des idées reçues de longue date
Martin Pfeiffer est doctorant à l’Université du Nouveau-Mexique.
Il étudie la culture des armes nucléaires. Pour lui, le Doctrine des Opérations Nucléaires du Département de la Défense des États-Unis n’est que le prolongement des idées reçues de longue date. Il résulterait de la croyance des États-Unis sur la « fongibilité magique » et le pouvoir contraignant des armes nucléaires.
D’après Steven Aftergood, directeur du projet FAS sur le secret gouvernemental, le document n’est pas si différent des publications doctrinales similaires. Pour lui, ce qui le rend inquiétant, c’est le contexte actuel de propositions de nouvelles armes nucléaires, d’expiration des traités et de leadership politique « erratique ».
« La vision traditionnelle est que se préparer à la guerre est le meilleur moyen de l’éviter », a-t-il déclaré dans un courrier électronique. « Mais cela serait plus crédible si le gouvernement envisageait également de réduire les arsenaux nucléaires et d’autres initiatives de consolidation de la paix. »